Verviers candidate pour accueillir le patrimoine de Belfius

Posté le 18 décembre 2012

La revitalisation par la culture à l’image de Lens et Bilbao : pourquoi pas chez nous ?

 

La semaine dernière, Belfius a annoncé sa volonté de mettre sur le marché de l’art des œuvres anciennes (ante 1830) composant son patrimoine. Si toute entreprise privée a bien entendu le droit de disposer de ses avoirs comme elle l’entend – et il s’agit bien du cas qui nous occupe –, il me semble toutefois que la banque, compte tenu de son profil particulier, va prendre une décision malheureuse et irrévocable.

 

Institution bancaire fondée sur le service aux citoyens, et historiquement banque des pouvoirs publics et des communes, Belfius (Dexia, Crédit communal) n’est pas n’importe quelle banque, n’importe quelle entreprise privée. Aux côtés d’autres grandes entreprises autrefois publiques et aujourd’hui privées, elle a une responsabilité sociétale, pour ne pas dire morale, et elle occupe une place à part dans l’imaginaire collectif des Belges.

Cette « place à part » est d’autant moins anecdotique que si Belfius est toujours sur pieds aujourd’hui, c’est notamment grâce à la contribution de tous les Belges, puisque l’état a investi près de 4 milliards d’euros dans le pôle belge de l’institution.

 

Pour ces quelques raisons, l’on peut déclarer, sans aucune démagogie, que les peintures que possède Belfius, font partie intégrante des biens acquis pour tous les Belges.

Ainsi, sans s’attarder sur les montants que retirera la banque de la vente de ses toiles, légers en comparaison avec son abyssal déficit antérieur qu’elle cherche à raison à résorber, nous sommes nombreux à avoir l’impression que cette vente s’assimile à une spoliation dans les règles de l’art (si je puis dire), dont serait victime chacun d’entre nous.

 

A l’inverse, protéger ce patrimoine exceptionnel dans une fondation, et en faire profiter différents musées belges dans différentes villes belges, cela contribuerait d’une certaine manière, et d’une manière certaine, à favoriser la croissance desdites villes.

 

Imaginons ainsi que Belfius « décentralise » et répartisse les œuvres visées entre deux endroits, l’un au nord du pays, l’autre au sud, à l’image des « décentralisations culturelles » qui ont eu lieu à Bilbao avec le splendide musée Guggenheim – qui a accompagné une mutation générale de la ville basque – ou plus proche de nous en temps comme en distance, avec le Nouveau Louvre inauguré à Lens.

 

En installant dans deux musées décentralisés toutes les œuvres qu’elle désire vendre à l’heure actuelle, et en créant un véritable partenariat avec les musées ainsi créés (ou hôtes), Belfius réaliserait là une opération bien plus favorable, peut-être pas à court-terme sur le plan financier, mais sans aucun doute à court-terme, à moyen-terme et à long-terme sur le plan de sa communication et de son image de marque.

 

Au surplus, comme constaté à Bilbao, et comme les Lensois l’espèrent avec l’arrivée du Nouveau Louvre, la présence de toiles de maîtres, concentrées dans un musée, peut « booster » l’activité économique d’une ville (et culturelle, cela va sans dire). Les amoureux d’art sont non seulement légion, mais sont également un public au fort pouvoir d’achat, et ils ne s’arrêtent généralement pas au musée : flânerie, visite de la ville, arrêt dans un restaurant, voire nuitée à l’hôtel…

Belfius contribuerait ainsi à relancer l’économie d’une ville, voire d’une région ! Quel projet autrement plus ambitieux, que de vendre « vite fait, bien fait » un patrimoine exceptionnel !
Ainsi, chacun y gagnerait : la banque, les amateurs d’art, la ou les ville(s) choisie(s), et chaque Belge, qui verrait son patrimoine mis en valeur (dans tous les sens du terme).

 

Si je plaide pour cette solution, c’est pour deux raisons : d’abord parce que je suis profondément attristé par le projet de Belfius de vendre de telles œuvres, et d’éparpiller ainsi partout dans le monde nos richesses, alors qu’elles ont justement le formidable potentiel d’attirer le monde chez nous. Ensuite, parce que je pense que notre ville, Verviers, serait une candidate de choix pour accueillir un ou le musée en question.

 

Aux portes de l’Allemagne et des Pays-Bas, à un peu plus d’une heure de route d’Anvers ou de Bruxelles, à proximité immédiate de la capitale économique de la Wallonie, sa situation géographique me semble idéale.
Ancienne cité industrielle qui cherche encore la voie de sa reconversion, c’est une ville qui regarde vers l’avant tout en étant (très) fière de son passé. Les projets économiques et culturels y sont nombreux, mais pouvoir compter sur une telle locomotive serait à coup sûr un gage de réussite.
Ville de patrimoine et de culture, elle peut compter sur une population curieuse et ouverte aux arts.

 

Je proposerai au Collège d’écrire au nom de la Ville de Verviers, aux administrateurs de Belfius ainsi qu’au Premier Ministre pour leur soumettre cette idée.

 

Mesdames et Messieurs les administrateurs de Belfius, plutôt que Sotheby’s ou Christie’s, pour valoriser le patrimoine de tous les Belges, pensez à Verviers !.