Liège : le deuil, puis les questions

Posté le 15 décembre 2011

Deux jours ont passé depuis l’horrible après-midi où un homme a tué cinq personnes et blessé des dizaines d’autres. Ces gens, place Saint-Lambert, ont vécu l’enfer. Quant à nous, tous les autres, nous nous sommes inquiétés, pour nos proches qui fréquentent le centre ville de Liège, et même pour toutes les autres personnes qui nous sont inconnues, nous sommes émus devant toute cette violence et devant un bilan si lourd, mais nous savons aussi que Liège se relèvera.

 

Depuis mardi, et pendant encore quelques jours, peut-être même quelques semaines, une atmosphère pesante envahit notre région. Il nous faudra un peu de temps pour que la blessure, encore béante, cicatrise. Et assurément, tous ceux qui passeront désormais place Saint-Lambert, à proximité des abribus, théâtre de cet effroyable acte de violence, auront en tête ces terribles meurtres.

Nous sommes tous en deuil ces jours-ci. Parce que des innocents sont morts, victimes de la folie d’un homme. Parce que c’est arrivé près de chez nous, que dis-je ?, chez nous. Parce que ce genre d’actes criminels nous semble réservé à d’autres pays. Parce que Liège avait déjà souffert, il y aura bientôt deux ans, à cent mètres de Saint-Lambert, d’une catastrophe certes très différente mais tout aussi traumatisante.

Après le deuil, cependant viendra le temps des questions. Des questions légitimes : pourquoi le tueur était-il en liberté, lui qui était « connu de la justice » et qui surtout n’avait pas purgé la totalité de sa peine ? Comment est-il possible qu’un individu déjà appréhendé pour sa collection d’armes de guerre, ait pu se constituer, à nouveau, un tel arsenal mortel, sans que les autorités compétentes aient constaté quoi que ce soit ? Et plein d’autres encore.
A ces questions, cependant, il faut s’attendre à ce que les réponses y apportées ne satisfassent pas la population, endeuillée, triste, voire en colère : l’éternelle réflexion sur les peines incompressibles qui pataugera ; en même temps, si l’auteur des faits avait purgé l’entièreté de sa peine, n’aurait-il pas tout de même commis ces atrocités… plus tard, lorsqu’il aurait été inquiété une énième fois par la justice ? Concernant sa collection d’armes, la police peut-elle surveiller toutes les personnes qui ont connu des démêlées avec la justice ou qui sont sous probation ? La police le peut-elle dans un état démocratique, et la police le peut-elle avec les moyens qui sont les siens ? Bref, il faut s’attendre à ce que les réponses nous heurtent, et il faut s’attendre également à ce que la conclusion soit elle aussi terrible : le drame de ce 13 décembre était, peut-être, les enquêtes nous le diront, inévitable.

 

Quant aux origines du tueur, je ne vois même pas comment on peut en débattre. La folie n’a pas de nationalité, pas de religion, pas d’origine géographique. La folie meurtrière a frappé aux Etats-Unis, en Finlande, en France, en Allemagne, en Flandre. Les auteurs étaient tous des Blancs. Mardi, il était Maghrébin. Nul besoin de s’attarder sur cette caractéristique, qui n’est selon moi qu’un détail dans cette journée tragique.

 

Quoi qu’il en soit, Liège se relèvera. Ce drame fera partie de son histoire. Une ligne malheureuse de plus, sur un chemin qui toutefois promet à notre capitale provinciale et à toute notre province, de Huy à Eupen, de Waremme à Saint-Vith en passant bien entendu par Verviers, un renouveau brillant. C’est ce que nous voulons tous, c’est ce pourquoi nous nous battons. Liège et sa province sont meurtries, mais elles doivent continuer à aller de l’avant..