Maison-Bois : remise en question

Posté le 27 janvier 2012

Le projet de développement de zoning « industriel-artisanal-commercial » à Maison-Bois suscite beaucoup de froncements de sourcils et de discussions. C’est bien légitime, d’autant plus après le vote gêné de la majorité dont je fais partie au Conseil communal, en décembre 2011.

Il s’agissait bien d’un vote gêné : le zoning envisagé n’aurait pas un seul mètre carré sur le territoire de la commune de Verviers ! En effet, Theux (en grande partie) et Pepinster (beaucoup moins) se partageraient la superficie globale de ce zoning divisé en deux parties. Dès lors, nous ne pouvons nous opposer frontalement au projet dans son ensemble, en ce qu’il ne concerne que marginalement notre commune.

 

Marginalement, de façon directe, c’est vrai. Mais de façon indirecte, les implications et retombées ne sont pas nulles, et elles sont même exclusivement négatives pour notre commune. Pourquoi avoir voté « oui » dans un premier temps ? Parce que Verviers ne voulait pas gêner ses voisines. Argument suffisant ? Certainement pas, et c’est pour cette raison que le MR de Verviers a demandé au Collège communal de Verviers de rouvrir le dossier et de se prononcer défavorablement sur ce projet.

 

Bien sûr, les autorités communales dans leur ensemble, et le MR en particulier, ne sont pas « contre » un développement économique dans ce secteur, d’autant plus que dans la zone de Verviers, le lieu-dit « Verviers Sud » est relativement pauvre en activité économique. Les autres zonings de la région étant saturés (Chaîneux, Plénesses, Lambermont, …), il convient de réfléchir à une opportunité de développement pour ce coin de Verviers, avec des entreprises en phase avec l’environnement (pourquoi pas un « zoning green ») ?
Mais si nous prônons un développement, quel qu’il soit, dans cette partie de l’agglomération verviétoise (et bien que nous préférerions voir des entreprises comme Décathlon s’implanter plus près du centre-ville), nous ne pouvons laisser libre champ à n’importe quel projet, qui défigurerait le paysage, mettrait en péril le biodiversité, et nuirait aux intérêts de notre commune.

 

Dans sa version actuelle, le zoning de Maison-Bois, tel que prévu par la SPI+, contrevient à ces trois thématiques. Malheureusement, nous ne pouvons exprimer à haute voix nos réserves sur l’environnement ou sur la protection du cadre paysager, puisque Verviers n’est pas directement concernée. Mais les intérêts de notre commune, en revanche, sont directement mis à mal en raison de l’accessibilité au site Nord-Ouest, exclusivement organisé par la Drève de Maison-Bois, laquelle se trouve pour sa totalité… sur le territoire de Verviers !
Cette route, en plus de son grand intérêt « touristique » (vue incroyable sur la vallée, entrée vers les bois d’Oneux, …) a la particularité d’être une véritable drève sportive, puisqu’elle compte quatre clubs sportifs et une salle de fitness, sans même parler du club de golf du Haras, sis un peu plus loin, sur Pepinster. Or, le charroi qu’impliquerait l’aménagement d’un zoning à cet endroit, aurait des répercussions graves sur l’âme de cette drève. Sans oublier la sécurité : combien d’enfants, chaque jour et chaque week-end, arpentent cette longue ligne droite à vélo ou à pieds pour rejoindre leur club sportif ?
Clairement, cette donnée a été écartée d’un revers de la main par la SPI+, alors que dans la vie sociale de notre ville, elle n’est pas négociable : Verviers a la chance de pouvoir compter sur cette drève, qui amène le visiteur vers de charmantes balades, dessert une ferme historique et des clubs sportifs, lesquels surplombent de façon spectaculaire la vallée de la Vesdre. L’impact le plus net, physiquement, serait l’expropriation du club de hockey pour son parking, alors que ce club est en plein développement qualitatif et quantitatif, et que la Ville a investi de gros montants dans ses infrastructures en 2010. Nous ne pouvons évidemment pas l’accepter.
Le MR de Verviers ne veut pas brader la drève de Maison-Bois.

 

Dès lors, ce que nous proposons, puisque nous ne pouvons nous opposer légalement à la zone Sud-Est (mais que dira le Ministre Henry, quand on connaît toutes les implications environnementales d’un tel projet ?), est une solution de compromis :
– Conservation de la zone Sud-Est (en violet), le long de l’autoroute, et qui verrait s’implanter le Décathlon dont on parle tant ;
– Suppression de la zone Nord-Ouest (en rouge), qui implique un accès via la drève de Maison-Bois, ce que nous refusons catégoriquement ;
– Création d’une zone de subsitution (en violet), de l’autre côté de la route nationale (Jonckeu), afin de pouvoir proposer un zoning avec suffisamment d’hectares, sur une large plaine sans dénivelés.

 

 

Ainsi, le MR se veut constructif, et ne s’oppose pas au projet pour le plaisir de s’y opposer. Notre volonté est de trouver une solution qui satisfasse tout le monde, et avant toute chose les citoyens.

Ceux qui pourraient légitimement craindre une telle proposition sont les habitants du Jonckeu. Car personne n’aime voir s’ériger des entreprises tout près de chez soi. Il y a toutefois des prescriptions à respecter (hauteur des bâtiments, type d’entreprises et d’industrie, etc.), de telle sorte que l’habitat n’en souffrirait pas. Mais surtout, le MR a la volonté de faire de « Verviers-Sud », à terme, une zone de création de richesses vertes. Un zoning du futur, respectueux de l’environnement et de son environnement immédiat.

 

Maxime Degey
Echevin de la Ville de Verviers

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